Quel bien ça fait de temps en temps de se déconnecter ! C’est dans cette optique que je suis partie me promener ce matin. Il y avait une bise à décorner les bœufs et sous un soleil timide, j’ai pressé le pas jusqu’à la forêt. Là, à l’abri du vent ma promenade a ralenti. Sur un petit sentier, un tronc en travers m’a invitée à une pause. Je me suis assise, et ai sorti mon thermos de thé et, immobile, j’ai écouté.

D’abord je n’entends que l’autoroute au loin et un avion. Alors que je bois une gorgée de thé brûlant en remerciant mentalement mon beau-frère et son amie de ce cadeau de Noël, une grande bourrasque change d’un coup l’ambiance. On pourrait presque croire qu’il y a un torrent, pourtant ce n’est pas de l’eau mais du vent dans les feuilles et les branchages. Un second bruit inattendu suit, ce sont de petits paquets de neige qui tombent en rideau sur le sol gelé. C’est un son léger et dans le soleil la neige brille comme des milliers de lucioles, c’est magnifique, féerique, et je me sens privilégiée d’avoir assisté à ce spectacle.

Je ne suis pourtant pas seule spectatrice, je me rends peu à peu compte que des mésanges piaillent un peu partout au tour de mois. D’arbres en arbres elles communiquent, l’une siffle trois coups, une autre lui répond par deux coups, elles passent d’une branche à une autre, rapides. Un peu plus loin, à ma droite, un milan royal se joint au concert avec son long cri de rapace.

De mon point d’observation, je sens mon corps qui se refroidit, et mon thé brûlant ne suffit pas à me réchauffer, pourtant je n’ai pas envie de bouger. Mon oreille capte maintenant des bruits plus lointains, une branche qui craque, une autre qui grince, le son sourd et régulier du pic tambourinant sur un tronc et le chant d’oiseaux que je ne reconnais pas.

Pendant un moment encore, avant de reprendre mon chemin, j’écoute, je regarde, je respire la quiétude de ce matin d’hiver et profite de cet instant de grâce…